La prisonnière du désert (1956)

La prisonnière du désert, sorti sur les écrans en 1956, est un film réalisé par John Ford, l’un des plus importants réalisateurs de la période classique du cinéma hollywoodien, qui s’est particulièrement illustré dans le genre du western. Il est aussi le réalisateur américain à avoir récolté le plus d’oscars (quatre en tout) au cours de sa longue carrière. Il a réalisé plusieurs chefs d’œuvre comme Les raisins de la colère (1940), La poursuite infernale (1946) ou encore L’homme qui tua Liberty Valance (1962).

La prisonnière du désert traite d’un sujet particulièrement sensible à savoir l’extermination des Indiens par les pionniers et fait également écho au débat sur la lutte pour les droits civiques de la communauté africaine-américaine dans les années 50 du XXe siècle. Les Indiens étaient considérés comme des sauvages barbares et dans le film, nous ne voyons absolument pas le point des Indiens. Ce qui reflètent la mentalité de l’époque qui les considérait comme des sauvages se rapprochent plus de l’animal que de l’Homme. Je trouve dommage cette totale indifférence quant au point de vue indien, mais elle est assez compréhensible pour une époque qui séparait deux mondes.

L’intrigue du film commence lorsqu’une tribu comanche assassine la famille Edwards, Aaron, le père de famille, Martha, sa femme, et leur jeune films Ben. Le chef de la tribu, « Scar », kidnappe les deux filles Lucy et la jeune Deborah. Et, pour faire bonne mesure, brûle leur maison. Le frère d’Aaron, Ethan, se jure de retrouver ses deux nièces et de les venger. Accompagné de Martin Pawley, le fils adoptif de la famille, se joint à lui dans cette quête effrénée.

Baigné d’une certaine misogynie (les filles associées à la maison et à la vie de famille, les garçons à l’extérieur et aux grands espaces, Ethan qui offre son sabre à Ben avant que l’on demande à Debbie d’aller aider à préparer le repas), le film montre la vision de l’homme viril, héroïque et courageux incarné par Ethan. Le film illustre cette vision misogyne et arriérée de la masculinité, ainsi que l’hostilité évidente d’Ethan envers Martin Pawley car du sang indien coule dans ces veines, sans parler de l’animalisation dont les Indiens font l’objet. Mais, au-delà de cet élément peu avantageux que l’on comprend au regard de la mentalité de l’époque, le film est émouvant et poignant, notamment à cause du cheminement personnel d’Ethan qui ne met pas son projet initial à exécution et sauve sa nièce et aussi, à cause de l’acharnement dont fait preuve Ethan pour retrouver ses nièces et de la même détermination qui anime Martin, au détriment de sa propre vie amoureuse. Les enchaînements de plans et la maîtrise de la narration rendent ce film très intéressant. Ce film est, sans nul doute, une ode aux paysages majestueux de l’Ouest américain, au sens de l’honneur et à la famille. En accord avec les valeurs de l’époque, que l’on peut considérer aujourd’hui, comme très conservatrices, le film amène le spectateur à se poser la question suivante : combien d’entre nous seraient prêts à en faire autant pour sa famille ?

Sophie, chroniqueuse dévouée, Seconde Suez, 2021

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