Portrait de la jeune fille en feu est un film dramatique écrit et réalisé par Céline Sciamma qui est une scénariste et réalisatrice française. Elle a été nommée plusieurs fois aux Césars, et a obtenu le césar de la meilleure adaptation pour le scénario du film d’animation Ma vie de courgette en 2017. Puis, en 2019, le film Portrait de la jeune fille en feu obtient le prix du meilleur scénario et de la meilleure photographie aux Césars de 2020. Sélectionné à Cannes en compétition officielle, il obtient la queer palm (1) lors de l’édition 2019. Dans ce film, les rôles principaux sont joués par Adèle Haenel et Noémie Merlant.

Le film se passe en France au XVIIIème siècle et raconte l’histoire de Marianne une peintre qui doit réaliser le portrait d’Héloïse une jeune femme bourgeoise, afin de l’envoyer au futur mari de celle-ci. Opposée à ce mariage, Héloïse refuse de poser pour qui que ce soit. Marianne va donc devoir se faire passer pour une femme de compagnie afin de passer du temps avec elle et capturer tous les détails de son visage…
Je ne sais par où commencer… Ce film est d’une beauté sans nom ! Chaque plan est admirable, on croirait que le film se passe dans une peinture. J’ai vraiment aimé cette précision au niveau du langage corporel, des regards, des gestes, de la respiration, tout cela est bien plus fort que de simples dialogues : les réactions du corps ne mentent jamais. Au début du film, le regard est basé sur le fait de distinguer tous les détails du visage d’Héloïse afin de pouvoir la peindre mais, petit à petit, on se rend bien compte que celui-ci brûle plus en plus et, que c’est beaucoup plus qu’un simple regard professionnel.
Le fait qu’il y ait peu de musique dans ce film est intéressant car lorsqu’une musique est employée on est beaucoup plus touché par celle-ci. Lors de la dernière scène, quand l’une des puissantes Quatre Saisons de Vivaldi éclate et remémore à Héloïse un souvenir de Marianne qui jouait cette même mélodie au piano, on ne peut qu’être envahi de frissons. Je pense que cette scène restera gravée à jamais dans ma tête. Les larmes, les sourires, la respiration d’Adèle Haenel et… cette musique ! Tous ces enchaînements m’ont rempli d’émotions. Pour faire simple, tout LE film m’a rempli d’émotions. Tous les arts sont honorés dans ce film, comme la peinture, la musique, le dessin, la broderie… Ce qui rajoute une atmosphère douce et gracieuse. Et correspond à une réalité (encore méconnue aujourd’hui) de la seconde moitié du XVIIIe siècle, à savoir l’éclosion de femmes artistes qui ont, pour certaines d’entre elles, connu une renommée européenne (l’exemple le plus connu est celui d’Élisabeth Vigée-Lebrun, la portraitiste de Marie-Antoinette).
Un troisième personnage est aussi montré dans ce film, c’est la servante Sophie interprété par Luàna Bajrami (2). J’ai retenu une scène que j’ai trouvé très belle, où les rôles s’inversent. Sophie la servante est assise et fait de la broderie, Marianne sert du vin à tout le monde, Héloïse fait la cuisine, puis elles partagent ensemble un repas. Le film de Céline Sciamma se révèle alors pour ce qu’il est : l’éloge d’une idéale sororité.
Je ne peux que vous conseiller de vous laisser charmer par cet amour impossible, cette peinture vivante et ces plans merveilleux.
Tess Humière, 1ère Néfertiti.
(1) Pour info : la Queer Palm de Cannes est un prix décerné depuis 2010 au cours du Festival de Cannes récompensant un film pour son traitement des thématiques LGBTQIA+ parmi ceux présentés toutes sélections confondues.
(2) La jeune actrice a réalisé un premier long-métrage, La colline où rugissent les lionnes, présenté à Cannes en 2021 à la Quinzaine des réalisateurs.