Retour du Festival Cinémondes (Part I)

Le vendredi 13 octobre 2023, des élèves des trois groupes de l’option cinéma du lycée Mariette se sont rendus au Festival Cinémondes de Berck. Ils ont assisté à deux projections. Voici le regard de deux élèves de 1ère (Alice et Titouan) sur le documentaire de David Constantin vu le vendredi matin.

L’affiche du film

Vous vous souvenez de ce bateau qui avait causé une grave marée noire sur l’île Maurice (village de Mahébourg) en 2020 ? Moi non.

Gratter la mer et repeindre le ciel est un film documentaire signé du réalisateur mauricien David Constantin, à la projection duquel nous avons pu assister lors d’une séance spéciale en présence du réalisateur. Ce dernier a pu ainsi nous en dire plus sur ses intentions et sur ce qui l’a poussé à entreprendre ce projet.

Juillet 2020, au large de l’île Maurice, s’échoue le pétrolier Wakashio, déversant et polluant de son pétrole les plages d’une partie du littoral. Suite à ce désastre, le pétrole nettoyé, et les caméras des actualités parties, les Mauriciens essaient de se reconstruire et de tourner la page comme ils peuvent… Très vite, le film plonge le spectateur dans le quotidien des Mauriciens, et plus précisément dans les activités d’un groupe de chanteurs/musiciens/compositeurs-auteurs formé par des anciens pêcheurs et fermiers qui n’ont plus que ça pour se consoler et s’exprimer. On les suit ainsi partout, en répétition ou chez eux, au travail, en voiture, on les entend parler mauricien, ils chantent, ils pleurent, ils se confient, on les écoute.

Soit une immersion utile, qui crée une dimension réellement intime que l’on peut d’ailleurs déceler entre les Mauriciens et le réalisateur. Car le film témoigne aussi d’un grand amour, celui de David Constantin (qui, au passage, a assuré le tournage du film en compagnie des Mauriciens et de sa caméra-trépied), pour cette petite île à laquelle il reste bien sûr attaché, surtout après la catastrophe désormais oubliée du grand public. Ce lien plutôt unique permet donc un nouveau regard sur le film, du moins lorsque l’on en est averti, même si malheureusement, et c’est son gros point faible, le film se passe de commentaires ou de tout autre type de narration en voix-off… C’est pourquoi il est un peu difficile de déceler la situation précise de chaque personnage, et la réalisation reste quelque peu brute par moment, mais ces choix de réalisation n’enlèvent rien à la pureté des intentions du réalisateur : rappeler et sensibiliser les spectateurs sur le passé et le présent des Mauriciens, un peu comme un fragment d’archives. On se souviendra de ces gens ayant souffert injustement de dégâts environnementaux causés par l’activité d’autres pays et que l’on a oubliés avec le temps.

David Constantin arrive ainsi à rendre hommage à ces gens délaissés et oubliés pour qui la pêche et le tourisme sont les principales sources de revenus et qui ne sont peut-être pas les plus malheureux, mais qui ne sont sûrement pas les plus gâtés aujourd’hui et qu’on laisse se débrouiller comme ils peuvent dans une misère et un chagrin qui leur ont été imposés.

En bref, David Constantin signe un documentaire assez personnel sur des Mauriciens qu’il a pu rencontrer, des gens qui se sont confiés à lui, à nous, et à qui il veut dorénavant rendre justice. Il explique d’ailleurs que le titre du film, « gratter la mer et repreindre le ciel » est un dicton mauricien qui signifie qu’il faut s’occuper du présent pour préparer l’avenir… Or, dans le cas présent, qui se passe-t-il quand la mer est noire ? L’avenir s’assombrit…

Titouan Drieux-Vadunthun, 1Néfertiti

David Constantin, réalisateur, répond aux questions des spectateurs à l’issue d’une projection qui a touché bon nombre de festivaliers

Comment le cinéma peut aider à surmonter une catastrophe…

Grat lamer pintir lesiel est un documentaire réalisé par David Constantin. Ce réalisateur a reçu six prix dans différentes parties du monde dès son premier long métrage. David Constantin aime et souhaite réaliser ses films au niveau local, dans son pays. Il aime représenter et montrer la vie des habitants de l’île Maurice. Ses films sont donc tous liés à cette île. Ce film a été présenté au festival du film indépendant de Berck-sur-mer.

Grat lamer pintir lesiel raconte l’histoire des habitants de l’île Maurice (de Mahébourg plus précisément) après le naufrage de Wakashio en 2020 qui a donc pollué les eaux avec une marée noire. Il faut savoir que David Constantin était journaliste et prenait donc des images de ce drame pour la télévision comme beaucoup d’autres journalistes. Or, au lieu de repartir et oublier ce qu’il s’est passé comme le monde entier, il est resté pour voir ce qui s’est passé ensuite pour les habitants. Le résultat de son projet est très émouvant comme il a expliqué après la diffusion du film à Berck, il a demandé aux habitants s’ ils pouvaient les filmer afin de montrer aux gens le désastre qui continuait même s’ il n’était plus médiatisé. Dans ce documentaire, quelques habitants se rassemblent et forment un groupe pour pouvoir s’exprimer à travers des poèmes et des chansons. Malgré la bonne atmosphère et relation intense entre les habitants, on peut voir en eux une souffrance commune. Peu importe qui parle dans le documentaire, Wakashio sera toujours évoqué avec une douleur immense. Le réalisateur laisse parler chacun des habitants et les laissent s’exprimer librement ce qui crée des scènes très touchantes. Par exemple, quand une des habitantes parle du travail et de la difficulté de revivre après cette catastrophe pour elle et son père, les émotions l’envahissent tellement qu’elle est obligée de partir du champ de la caméra et ne peut finir son récit. C’est ça la force de ce scénario, le réalisateur se fait très discret pour être au plus proche de la réalité comme il aime le faire. Les Mauriciens qui traversent une épreuve difficile ensemble ont donc le sentiment et à juste titre qu’on détruit leur patrimoine ainsi que leurs moyens de vivre car il y a beaucoup de pêcheurs et de personnes avec des emplois en lien avec la mer.

Une des spectatrices a remercié David Constantin pour avoir fait ce film afin de nous rendre moins ignorant car tout le monde avait entendu parler de cette catastrophe mais l’avait oublié puisque que les médias n’en parlaient plus. Ainsi ce documentaire nous montre l’ampleur de cette catastrophe mais nous apprend aussi une grande leçon de vie en nous montrant la résilience des habitants et leur courage.

Je vous invite à voir ce documentaire qui vous fera passer par toutes les émotions car il montre une triste réalité tout en laissant paraître une lueur d’espoir qu’incarnent ces habitants de l’île Maurice.

Alice Macquet, 1Touya

David Constantin entouré de quelques jeunes cinéphiles de Mariette au moment de la pause déjeuner

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