Des passions amoureuses déchirantes dans un film aux aspects esthétiques réfléchis et soignés

Cette comédie dramatique de Pedro Almodovar de 1988, sortie en France en 1989, a fait la renommée internationale de son réalisateur, particulièrement dans l’hexagone. Mujeres al borde de un ataque de nervios (titre original) a remporté de nombreux prix comme celui du meilleur scénario à la Mostra de Venise l’année de sa sortie. L’humour camp et burlesque du réalisateur fait de ce long métrage de 88 minutes un vaudeville hilarant mais néanmoins profond.

Après que son amant et collègue comédien de doublage Ivan (Fernando Guillén) l’a quitté brusquement, Pepa (Carmen Maura) se lance dans une quête pour le retrouver. Sa poursuite de l’homme qu’elle aime va la mener dans de nombreuses situations improbables. Ces événements s’imbriquent de façon absurde apportant leur lot de personnages hauts en couleurs comme son amie Candela (Maria Barranco) impliquée malgré elle dans une affaire de terrorisme ou encore Lucia (Julieta Serrano) l’ex-femme de Ivan ancienne internée pas tout à fait encore saine d’esprit. Tous ces protagonistes ne vont pas faciliter la tâche de Pepa. Cette série d’éléments atypiques va mettre à l’épreuve les nerfs et la santé mentale de Pepa…

Tout d’abord, Almodovar réalise avec succès une œuvre dans laquelle l’esthétique a une importance capitale. En effet, le réalisateur utilise les couleurs et leur symbolique afin de faire passer des messages aux spectateurs. On peut notamment évoquer le rouge extrêmement présent autour de Pepa comme la décoration ou son téléphone, un lien métaphorique très important de sa relation avec Ivan, ce dernier ayant laissé un message sur le répondeur de Pepa pour lui annoncer son départ. Cette couleur évoque ainsi le désir et la passion intense mais aussi la colère, la frustration de la jeune femme. Le bleu a également une connotation particulière, représentant, lui, la tristesse et la mélancolie. Le cinéaste se sert d’autres symboles comme le canard que l’on peut apercevoir à différents moments du long métrage. L’animal symbolise dans certaines cultures la fidélité conjugale ou encore le renouveau, des éléments clés de l’intrigue. Enfin, on peut remarquer que le film se passe en grande majorité dans l’appartement de Pepa à la décoration importante, faisant penser à une pièce de théâtre style vaudeville.

De plus, l’humour burlesque et camp de l’œuvre est très appréciable. Les situations rocambolesques et les personnages aux attitudes exagérées et loufoques – mention spéciale à la déjanté mais extraordinaire Lucia et à la fuite en scooter mémorable – rendent certaines scènes hilarantes sans jamais mettre mal à l’aise le spectateur. Le ressort comique du film est donc réfléchi et de qualité.

Enfin, le message féministe et progressiste du film fait de cette oeuvre un long-métrage engagé de qualité. Le film représente différents portraits de femmes, leur relation et attachement parfois malsain avec des hommes. Néanmoins le film se conclut avec l’émancipation de toutes ces femmes blessées, un renouveau en quelque sorte. Femmes au bord de la crise nerfs représente les différentes étapes désagréables de la rupture amoureuse avant d’arriver à l’indépendance et le dépassement de ses souffrances. Ces figures féminines initialement brisées finissent par ressortir plus “fortes” et sereines. Le dialogue final est la parfaite représentation de ce phénomène de soulagement et de liberté, laissant le spectateur satisfait et heureux pour ces protagonistes.

Avec ces femmes au bord de la crise de nerfs, Pedro Almodovar a brillamment mis en scène une fable à la morale intemporelle. Le scénario brillamment écrit, l’esthétisme impeccable et les acteurs renommés composent ce mélodrame intelligent à regarder absolument pour découvrir ou redécouvrir le cinéma culte du réalisateur espagnol. Un réel coup de cœur pour ma part…

Mathias STEMPIN, 2nde Thèbes

Quatre femmes au bord de la crise de nerfs (Pepa, Lucia, Marisa, Candela) et… un homme…

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