Samuel ou les traits simples de la vie

Entre rires et larmes, joie et tristesse, nostalgie et mélancolie, danse et musique, Samuel est la série d’animation qui a tout récemment conquis un large public, notamment sur internet. Avec des dessins simples, en noir et blanc, la réalisatrice Émilie Tronche livre ici des fragments de souvenirs de l’enfance que l’on ne risque pas d’oublier…

          Samuel est une série d’animation sortie très récemment (mars 2024) sur la plateforme de streaming gratuit d’Arte. Elle met en scène un jeune garçon d’une dizaine d’année, Samuel donc, dont on découvre la vie au fil des pages du journal intime qu’il rédige chaque soir. Durant les 21 épisodes d’une durée approximative de 3-5 minutes, on suit la vie de Samuel dans son entourage familial, scolaire, amical, ou plus généralement social. Cette série est écrite, réalisée, dessinée et interprétée par Émilie Troche, jeune réalisatrice tout juste sortie d’une école de graphisme. C’est, en effet, la jeune femme qui prête sa voix à tous les personnages de la série et qui s’est occupée de réaliser la totalité de la série. Même si elle a été aidée d’un groupe de six personnes, cette femme seule aux commandes fait la singularité de la série.

          Ainsi, au fil des 21 épisodes, la réalisatrice offre la possibilité à chaque spectateur de replonger dans son enfance et parvient brillamment à le faire entrer dans une bulle intimiste, mais finalement universelle, l’espace de ces quelques épisodes. Cette bulle, c’est celle d’une certaine nostalgie, celle du temps perdu, qui nimbe la série, mais une nostalgie teintée d’humour. Le fait de se mettre dans la peau de ce petit garçon qui découvre la vie et ses questionnements essentiels, ses épreuves, mais aussi ses bonheurs, on ne peut que réagir (sourire, rire, être ému, etc…) en repensant à son propre parcours.

          La grande affaire de Samuel (et donc celle de cette série animée) est l’amour qu’il porte pour Julie. Mais à cette histoire d’amour, élément central de la narration, se greffent des personnages secondaires auxquels le spectateur est amené à s’attacher, comme Corentin, le meilleur ami, ou encore Bérénice, personnage clé de la série. Pour Émilie Tronche, pas de doute : dans une interview, elle confie que Samuel et elle ont de très nombreux points communs et qu’elle s’est bien évidemment inspiré de son enfance pour écrire le scénario. D’ailleurs, Samuel est scolarisé dans la même école où elle est allée, vit dans la même maison où elle a vécu. Elle a cependant décidé de raconter l’histoire d’un petit garçon et non d’une petite fille, celle qu’elle a pu être autrefois, afin de ne pas tomber dans l’autobiographie et garder une certaine distance et du mystère par rapport à son sujet.

          Ce qui fait aussi la singularité de la série, c’est l’omniprésence de la musique. En effet, dans chaque épisode on peut retrouver un morceau de musique emprunté et intégré dans la scène. C’est cette musique qui accentue les émotions et la rend plus marquante. Ce qui est également marquant ce sont les nombreuses scènes de danse. Des danses très bien rendues à l’écran par une animation vraiment impeccable. La réalisatrice voulait être chorégraphe, elle s’est donc elle-même filmée pour retranscrire ces vidéos en dessins. Ces éléments apportent de la variété à la série et évite l’ennui chez le spectateur. Ce sont aussi les nombreux lieux visités au cours des 21 épisodes qui rajoutent une dimension immersive à la série puisque le spectateur se balade de l’école primaire, à la maison, de la plage de vacances au collège, sans parler des différents lieux visités lors des sorties scolaires. Tous ces éléments font que si la série est quasi entièrement en noir et blanc, on ressort du visionnage avec des couleurs dans la tête.

          Bon, il est possible que la série ne parle pas à tout le monde. D’un point de vue formel, en animation, ce n’est pas quelque chose d’habituel à regarder. On peut trouver les dessins trop simples, mais c’est pourtant ce trait de crayon minimaliste qui fait l’identité de la série et qui rappelle finalement l’insouciance de l’enfance. Ce qui vraiment réussi avec cette série, c’est que la réalisatrice arrive à procurer des émotions fortes avec une économie de moyens et en quelques minutes. On peut finalement la mettre en parallèle avec les dessins animés de notre enfance ou avec certaines comédies musicales auxquelles renvoient les parties dansées de la série. Une chose est sûre, c’est qu’après le visionnage de la série on ne peut qu’être attaché à Samuel, comme si une part de nous-mêmes, une part de l’enfant que nous avons été, continuait de nous hanter.

Achille Depereur, 1Néfertiti.

Samuel

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