Princesse Mononoké, un immense succès public et critique

Fan ou non de film d’animation, ou d’anime, Princesse Mononoké ne peut qu’impressionner le spectateur. Cette œuvre du légendaire Hayao Miyazaki, produit par le non moins légendaire Studio Ghibli (récipiendaire d’une Palme d’or d’honneur au dernier Festival de Cannes), parvient à s’imposer tant sur le plan technique grâce à un visuel à couper le souffle que sur le plan thématique avec des sujets forts et toujours d’actualité (le film a été proposé au public en 1998).

Ashitaka, un jeune guerrier japonais, affronte un sanglier géant qui attaque son village. Il tue la bête, mais se retrouve atteint d’un mal mystérieux. Sur les conseils des sages du village, il part à la recherche de ce qui a transformé l’animal en démon. Au cours de son périple, il rencontre San, une jeune fille qui vit avec les loups. Il apprendra que c’étaient les humains à l’origine de tous ces maux car ils détruisent la forêt.

Princesse Mononoké, sûrement un des Miyazaki le plus adulte, contrairement à des films antérieurs comme Mon voisin Totoro, est plus mature, plus violent aussi, et propose un message plus profond. Replongeant dans les thèmes de sa 1ère œuvre Nausicaa, il en reprend certaines lignes et les réadapte. Avec Princesse Mononoké, le réalisateur prouve qu’un anime est du vrai cinéma. On reconnaît bien la patte artistique du studio Ghibli avec des visuels proprement stupéfiants pour l’époque permettant d’accentuer le côté féérique de cette fable écologiste, le tout servi par des personnages complexes et fascinants et une histoire prenante et intelligente. Mais, contrairement à d’autres films de Miyazaki, le personnage principal est un homme, et même si le personnage de Mononoké a un charisme qui la rend fascinante, elle est au second plan puisque toute l’histoire est vue du point de vue d’Ashikata.

Autre point fort : la fait que le film soit mis en musique par le compositeur Joe Hisaishi, lui aussi une véritable légende, notamment connu pour avoir composé la musique de nombreux films d’Hayao Miyazaki (mais aussi des films de Takeshi Kitano). Grâce à la beauté de ses compositions, nous voilà plongé-e dans les mystères d’une fable de notre temps.

Dans Princesse Mononoké, l’humanité ce sont les villageoises. Elles incarnent l’inconscience des hommes, qui plus ou moins volontairement, entraînent le monde à sa perte. Elle est confrontée à la Nature, symbolisée par les « peuples » des forêts tels que les loups ou les sangliers. Ashitakan, quant à lui, établit une sorte d’équilibre entre ces deux opposés, incarnant, tel un demi-dieu, un lien entre la nature et les hommes. En effet, en livrant une réflexion sur la destruction des forêts par l’homme et « l’invasion » par les hommes du lieu de vie des animaux, Miyazaki montre l’homme comme destructeur de la nature et se sert de ce thème pour parler d’écologie, et rappeler au spectateur qu’il faut la protéger. Ce film rappelle qu’elle peut autant détruire que créer.

Rythmé et plein de rebondissements, le film séduit grâce à ses atouts indéniables autant qu’il peut décevoir avec un fin un peu « facile » et une approche naïve des questions écologiques. C’est pourtant ces imperfections qui rendent le film attachant. Ainsi, Princesse Mononoké sera toujours « le film qui a fait le plus d’entrées que Titanic au Japon » et le seul Miyazaki vivement déconseillé aux enfants. Il est un des plus bels accomplissements visuels du studio Ghibli, accompagné d’une musique sublime, et adossé à une morale sur la destruction des forêts qui sonne toujours vraie aujourd’hui. Princesse Mononoké est un chef d’œuvre et peut-être l’un des meilleurs films de la longue et prestigieuse carrière d’Hayao Miyazaki.

Lily-Rose Fleuet, 1ère Hatchepsout.

Pour aller plus loin et approfondir votre connaissance du cinéma d’Hayao Miyazaki, nous vous conseillons la lecture d’un hors-série de la revue « Un » consacré au maître japonais.

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