Ressources humaines : hommage à Laurent Cantet

Dans le cadre d’un travail sur les cinémas indépendants en Europe et en Amérique du Nord, les élèves de Terminale CAV ont vu Ressources humaines. Ce travail a été aussi conçu comme un hommage à son réalisateur, Laurent Cantet, prématurément décédé le 25 avril 2024. Auréolé d’une Palme d’or pour son film Entre les murs en 2008, il fut un réalisateur discret mais dont le parcours créatif, de Ressources humaines (2000) à Arthur Rambo (2021), son dernier long-métrage, a marqué le paysage cinématographique français.

Ressources humaines est un film d’auteur indépendant (produit par Haut et Court) du réalisateur français Laurent Cantet. C’est l’histoire de Franck, jeune homme qui termine ses études dans une école de commerce parisienne et décide de faire un stage au service des ressources humaines de l’entreprise dans laquelle travaille son père depuis 30 ans. Dans l’entreprise, le contexte est inflammable puisque les représentants des personnels et la direction doivent négocier le passage aux 35 heures. Un jour, Franck fait une découverte qui risque de bouleverser sa vie…

Servi par des acteurs majoritairement non professionnels (sauf Jalil Lespert qui trouve là un des premiers grands rôles marquants du début de sa carrière), le film s’inscrit dans une veine très réaliste, voire naturaliste héritée du cinéma de Maurice Pialat. Ce parti-pris confère plus d’authenticité au jeu des acteurs, au propos global du film (et son impact sur le spectateur), à la restitution d’une situation, à la description de cette micro-société qu’est un lieu de travail.

Grâce à une structure narrative simple, claire et très efficace, le réalisateur fait œuvre, à son niveau, de sociologue en décrivant le parcours d’un jeune homme issu de la classe ouvrière et qui, grâce aux études, peut prétendre entrer dans une nouvelle classe sociale. Le film est, en effet, influencé par quelques théories développées par Pierre Bourdieu, reprises ensuite par de nombreux auteurs comme Annie Ernaux qui, elle aussi, des Armoires vides aux Années super 8, a mis en mots (et en images) le sentiment de honte éprouvé par celui ou celle qui, venant de la classe populaire, entre dans un milieu plus bourgeois. Le film illustre donc cette théorie du transfuge de classe avec une tension qui va crescendo, aboutissant à l’implosion du spectateur submergé par l’émotion grâce à l’explosion du personnage exprimant tout à la fois : la déception profonde et la colère ressenties face à l’attitude passive du père. À travers les rapports père-fils disséqués par Laurent Cantet, on lit aussi la théorie de la violence symbolique (Bourdieu toujours) puisque le père de Franck a intériorisé les rapports de domination des patrons sur les ouvriers.

Franck (Jalil Lespert) face au père (Jean-Claude Vallod) : la scène où tout change…

Ressources humaines est donc un grand film politique, plus précisément le film d’une prise de conscience politique, mais aussi le film du cheminement intérieur d’un jeune homme qui apprend à ne plus être seulement le fils de son père et l’oblige à (re)définir la place qui est la sienne.

Auteurs : Maxence, Léa, Mathis, Lisa, Sabrina, Mathias, Victor, Rose, Martin, Paul, Lilou, Noëlie, Bastien, Noémie, Zélie, Louis, Juliette et Adriana.

Secrétaire de séance : Monsieur Popu.

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