L’amour ouf… Etonnant film de Gilles Lellouche

À l’heure ou le film risque de dépasser les quatre millions d’entrées dans les salles françaises, Alice, un des piliers de l’option CAV, propose son analyse sur L’amour ouf : un exercice pas facile pour un film encore à l’affiche…

Effet salle de cinéma, ou alors film vraiment bien réalisé ? Dans tous les cas, Gilles Lellouche propose quelque chose de nouveau avec son film L’amour ouf, présenté en sélection officielle à Cannes au printemps dernier.

Dès les premières 30 minutes du film, nous sommes accrochés par les plans…. On observe et on comprend dès le début les références aux années 80-90. Le film est truffé de clins d’œil ou, du moins, est fortement inspiré du style des réalisateurs de l’époque. L’apparition en couleur du titre avec une certaine écriture qui marque l’esprit ou encore la dernière scène font fortement penser à Pulp Fiction de Tarantino. Ensuite, certaines propositions du film sont intéressantes à voir au cinéma, la scène de danse sur The Cure (A Forest, toujours aussi iconique quarante ans plus tard) est captivante, le jeu entre la danse, les ombres, les silhouettes rappelle l’esthétique du film et plonge le spectateur dans une ambiance à part, dans un autre monde, celui de Clotaire et Jackie. On apprécie alors la mise en scène sans faire trop attention à ce qu’il se dit. Mais, on se retrouve vite ramené à la réalité.

Alors que le film est vendu avec Adèle Exarchopoulos et François Civil en tête d’affiche, c’est en fait les deux jeunes acteurs, Mallory Wanecque et Malik Frikah, qui portent le film. Ils captent tous les deux l’attention du spectateur. Ils sont touchants, ont une complicité à l’écran qui est très belle et qui semble authentique. On se laisse embarquer dans leur amour. Chaque détail captive, les souvenirs qu’il garde d’eux-mêmes après des années de séparation (le chewing-gum, la cassette) montrent qu’ils sont attachés à leurs souvenirs et au souvenir de l’autre.

Gilles Lellouche exploite beaucoup et avec justesse les jeux de regard. Dès les premières minutes, François Civil regarde sa propre réflexion dans le rétroviseur avec un regard plein d’émotions, plein de haine avant le terrible événement. Il y a à nouveau un jeu avec le regard quand le jeune Clotaire se regarde dans un bout de miroir sur le toit de l’école, il réalise qu’il sombre et il est en train d’abandonner l’espoir d’avoir un bel avenir. Enfin, on voit aussi son regard au moment où il est enfin libre et qu’il sert sa mère dans les bras en pensant qu’il a perdu l’amour de sa vie, qui est parti avec un autre homme.

Ces regards reflètent l’état d’esprit de Clotaire, le regard qu’il a sur lui et celui que la société porte sur un enfant comme lui, qui est en dehors des cadres, notamment scolaires. Petit bémol… le film semble être doté de tout, mais peut-être un peu trop. De nombreuses scènes de violences ponctuent le film, ce qui est important pour comprendre l’histoire et l’atmosphère, mais tout n’est peut-être pas nécessaire.

Le film est un mélange de références cinématographiques et musicales, un mélange de générations qui marche plutôt bien. Que l’on apprécie ou pas ce film, c’est un film qu’il faut voir. Une des scènes les plus émouvantes pour les cœurs d’artichaut est celle de l’éclipse. En effet, Clotaire et Jackie sont tous les deux à distance et ne se sont pas revus depuis des années, et ils sont pourtant ensemble lors de cette éclipse. C’est une éclipse solaire, mais aussi l’éclipse de deux âmes qui s’aiment et qui se retrouvent même sans se voir à travers le souvenir des années passées ensemble. L’histoire entre Clotaire et Jackie nous laisse croire en l’amour, en l’Amour ouf…

Alice Macquet, Terminale Sekhmet

Le réalisateur Gilles Lellouche, entouré d’une partie du casting après la montée des marches…

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