Le 2 octobre 2025, les élèves de l’option Cinéma-Audiovisuel du lycée Mariette se sont rendus à Abbeville pour participer au Festival Cinémondes. La matinée a débuté avec le documentaire Holding up the sky de Pieter Van Eecke, consacré à la lutte du peuple Yanomami pour défendre ses droits et son territoire en Amazonie. Ce film émouvant et engagé a permis de sensibiliser les élèves aux enjeux environnementaux et humains. Le réalisateur, présent, a ensuite échangé avec le public. Le groupe de 1CAV vous livre son avis sur ce long-métrage de 2023.

Holding up the sky est un documentaire de Pieter van Eecke, documentariste belge expérimenté qui dans tous ses films traite de la question de l’environnement. C’est une nouvelle fois le cas avec ce film de 2022 proposé aux scolaires à Abbeville.
Ce film se déroule en partie en Amazonie et se concentre sur un peuple premier présent dans cette forêt tropicale : Les Yanomami. C’est après avoir lu Yanomami, l’esprit de la forêt de Bruce Albert (2003) que Pieter van Eecke s’est engagé dans la lutte au côté des Yanomami pour préserver leur territoire contre les orpailleurs, les compagnies minières (et la pollution liée à l’exploitation de l’or) et aussi contre le gouvernement brésilien qui soutient le processus de déforestation pour maintenir une croissance économique forte. Le sens du combat des Yanomami se situe enfin sur un autre plan : en effet, il s’agit aussi de préserver le patrimoine culturel d’un peuple en danger.
Le documentaire est particulièrement centré sur Davi Kopenawa, chaman et président de l’association Hutukara, basée à Boavista, une ville de chercheurs d’or très dangereuse pour les Yanomami. Davi fait le tour du monde et notamment d’Europe pour sensibiliser les populations et les hommes politiques au sort des Yanomami.
La force de ce documentaire réside dans sa capacité à croiser trois regards différents : celui de Davi sur notre société (occidentale, capitaliste, consumériste), celui de cette même société sur Davi et les Yanomami et enfin celui du réalisateur qui présente aux spectateurs la culture Yanomami.
Ce combat a été mis en avant par l’attribution d’un Prix Nobel alternatif en 2019 (Right Livelihood Award). Ce documentaire a touché un grand nombre de personnes dans la salle car il nous fait réfléchir au fonctionnement de nos propres sociétés matérialistes, tout en portant sur les Yanomami un regard progressiste et humaniste.
Texte : Clovis, Giuliana, Lucie, Solène, Laura, Louise, Lélia, Ellyot, Paul, Vadim.
Secrétariat : Coline.

Au cours de l’après-midi, les élèves ont découvert quatre courts-métrages (parmi les 12 présentés en compétition) très différents dans leur ton et aussi dans la forme choisie par les réalisateurs/réalisatrices.
Le groupe de TCAV a eu l’occasion de revenir en classe sur ces quatre courts-métrages et de rédiger un texte (collectif) à leur sujet.
Dans le cadre du festival Cinémondes, il y avait une compétition de 12 court-métrages (entre 10 et 30min). Les élèves de l’option ciné en ont vu 4 sur les 12, pour lesquels ils ont été invités à choisir leur préféré. La qualité de la sélection tenait en la variété des propositions de cinéma : 2 films de fiction dont un historique (Par souci pédagogique de Hassan Benali et Charlotte Cayeux, ainsi que Goodbye my dove de Félix Bach) ; un documentaire (The other queen of Memphis de Luna Mahoux) ; un film d’animation (En mille pétales de Louise Bongartz). Tous ont un point commun puisqu’ils tournent autour de la question de la violence.
D’abord, Par souci pédagogique, met en scène l’histoire d’une prof de sport qui anime l’option danse de son lycée qui essaye, en dépit de la minorité masculine inscrite dans le groupe, de recruter de nouveaux danseurs, notamment des élèves ayant l’habitude de faire des réflexions homophobes assorties de nombreuses violences verbales. Le duo de réalisateurs cherche par ce court-métrage à déconstruire les stéréotypes liés au genre. Le film a divisé le groupe. Certains spectateurs ont noté et apprécié le lien assez fidèle avec la réalité du lycée et la possibilité d’identification avec les personnages joués par des acteurs jeunes et non professionnels. Pour d’autres, cette qualité se transforme en défaut car d’autres élèves ont été dérangés par le mauvais jeu d’acteur. De plus, pour un court-métrage, qui prétend s’élever contre les stéréotypes de genre, tombe dans d’autres clichés liés aux origines du personnage principal. L’humour tombe à plat dans certaines scènes.

Goodbye my dove, quant à lui, est un film historique qui replonge le spectateur dans la guerre du Vietnam, vu à travers les yeux de de Loc et Tien, frère et soeur fuyant la zone d’évacuation pour retourner à Hanoï dans l’espoir de retrouver leur mère. Le film sait émouvoir par sa capacité à montrer la fragilité et l’innocence de l’enfance face à la violence des hommes/adultes. On pense forcément au Tombeau des Lucioles d’Isao Takahata qui reprend la même thématique, mais aussi à certains films de Steven Spielberg qui, à de nombreuses reprises, a confronté l’enfant à la violence d’un monde en guerre (1941 ou La guerre des mondes, pour ne citer que quelques exemples).
C’est à cette même violence qu’est confrontée une jeune femme mariée, soumise aux coups de son mari dans En mille pétales. Il s’agit d’un film d’animation en stop motion dont le personnage principal est une marionnette qui semble manipulée par la fausse promesse d’amour de son conjoint. Le court-métrage saisit le spectateur par l’atmosphère angoissante renforcée par l’utilisation de la musique, par son approche subtile et implicite et un travail intelligent sur les couleurs (on passe de couleurs chaudes à froides avec un assombrissement). Le propos de la réalisatrice, par sa justesse, a particulièrement touché le groupe.

Enfin, The other queen of Memphis, fait le portrait d’une rappeuse LaChat, dont le vrai nom est Chastity Daniels. Le film évoque l’envers du décor du rêve américain en dépeignant la violence du ghetto du sud de Memphis. Les spectateurs ressentent la présence des fantômes de la vie de Chastity (Martin Luther King assassiné à Memphis en 1968, mais aussi, bien plus tard, son frère ainé ou sa « soeur » Gangsta Boo, autre vedette du rap US).
La découverte de ces 4 court-métrages a été complétée par des échanges instructifs avec deux des équipes de réalisation (Goodbye my dove et Par souci pédagogique).
Texte : Terminale CAV.
Secrétariat : Colombe.