Fukamachi, un journaliste fasciné par l’alpinisme, tombe par hasard sur Habu Joji, un alpiniste plutôt mystérieux, en possession de l’appareil photo de George Mallory qui aurait possiblement gravi l’Everest en 1924. Obsédé par cette affaire, le reporter part à la quête de Habu, et découvre sa vie, ses exploits, et bien plus encore…

Découvert pour la première fois en salle lors de la séance Lycéens au cinéma, Le Sommet des Dieux est un film d’animation réalisé par Patrick Imbert en 2021. Adapté du manga de Jiro Taniguchi, lui-même adapté d’un roman, ce long métrage mêle tradition avec l’animation 2D et modernité avec l’intégration de la 3D, dans un style visuel unique qui capte notre regard dès le début du film avec ces magnifiques panoramas sur les montagnes.
L’une des premières choses qui attire l’attention, c’est le style visuel du film. Il s’inspire en majeure partie du manga de Taniguchi, empruntant des codes à son univers tout en adoptant des techniques modernes. Les paysages de montagnes, réalisés en 3D, sont époustouflants et créent un cadre à la fois réaliste et fascinant. Les séquences de grimpe sont aussi très belles, soulignées par une animation fluide qui se distingue par son esthétique épurée. D’ailleurs on remarque durant le film que le récit oscille entre passé et présent. Cette structure est habilement marquée par l’utilisation de la voix-off, de nombreux flash-backs et de raccords par des objets, des enjambements sonores ou des fondus enchaînés par exemple. Le montage parallèle permet de suivre plusieurs “histoires” sans nous perdre, renforçant le mystère de l’affaire Mallory et les liens entre Fukamachi et Habu. Les échos visuels entre les différentes époques, notamment dans l’usage des couleurs et des objets, tissent une narration complexe, mais jamais confuse.
Cependant, la nature profondément masculine dans le récit est frappante. Les femmes y sont assez rares, voire absentes, ce qui peut déplaire un certain nombre de personnes. Cette absence de diversité peut refléter l’isolement de ce sport, qui est considéré comme un monde réservé aux hommes.
En conclusion, Le Sommet des Dieux est plus qu’un simple film d’aventure. C’est aussi une réflexion métaphysique sur le dépassement de soi, sur les limites humaines face à la nature et la solitude. Et ce qui fait la grande force de ce film, c’est qu’il ne faut pas être fou d’alpinisme pour être ému face à ce métrage. Basé sur des faits réels, il réussit à croiser plusieurs genres et à offrir une expérience unique, tant visuellement qu’émotionnellement.
Loïs Sagot, 1TOUYA
